- Dates des cours : 28janv-4févr-11févr-4mars-11mars-18mars
- Heure de début du cours : 10:15
- Heure de fin du cours : 12:15
- Jour du cours : Mercredi
- Intervenant : Christophe GRENIER
Information: Les jours et horaires actuellement affichés correspondent à la programmation de l'année universitaire 2025-2026. Les horaires de l'année en cours restent inchangés. Pour toute question, merci de contacter le secrétariat pédagogique.
Christophe GRENIER
Ce cours raconte la géohistoire des îles Galápagos, passées en deux siècles d’un grand isolement écologique à un territoire équatorien de plus en plus connecté au monde. À travers six séances illustrées de cartes, de photos et de récits de terrain, vous découvrirez comment cet archipel, connu pour ses animaux endémiques comme les tortues géantes ou les iguanes marins, est devenu un lieu d’étude pour comprendre les effets du tourisme, des migrations, de la conservation de la nature et du développement économique. Fondé sur plus de trente ans de recherches au cours de deux séjours de plusieurs années sur place et de nombreuses missions, ce cours montre comment les Galápagos sont aujourd’hui confrontées à des défis majeurs : préserver leur biodiversité tout en répondant aux pressions de la mondialisation. Un voyage géographique passionnant pour mieux comprendre les transformations du monde actuel à travers un espace exceptionnel.
Ce cours ne nécessite pas de connaissances particulières.
Résumé de votre carrière : Christophe Grenier est maître de conférences HDR en géographie à Nantes Université, lauréat de la médaille de bronze du CNRS. Il travaille sur la mondialisation et la conservation de la nature à partir de divers terrains de recherches (Galapagos, île de Pâques, Costa Rica et Madagascar). Il a effectué de nombreuses missions scientifiques aux Galapagos (de 1996 à 2023), où il a séjourné en 1992-1994 dans le cadre de son doctorat, puis en 2008-2011 comme premier directeur du département de sciences sociales de la Fondation Charles Darwin.
a conservation de la nature – institutions, politiques, programmes – aux Galapagos entre les années 1960 et 1990. Créée en 1959 en même temps que le Parc National des Galapagos (PNG), la Fondation Charles Darwin (FCD) est une institution internationale chargée de conseiller l’État équatorien sur la conservation de l’archipel. La FCD organise la mise en tourisme de l’archipel selon la modalité du tourisme de croisière qui domine au cours des trente années suivantes, et des programmes conservationnistes surtout axés sur l’éradication d’espèces introduites et la protection ex situ d’espèces endémiques menacées. Par le biais de la Station de Recherche Charles Darwin, sa base dans l’archipel, la FCD décide aussi des recherches naturalistes autorisées aux Galapagos et accueille de nombreux scientifiques en mission. Quant à la Direction du Parc National Galapagos, cette administration équatorienne n’a été créée que dix ans après le PNG et ne dispose que de très peu de moyens jusqu’aux années 1990, rendant la conservation de l’archipel peu efficace bien qu’elle soit considérée comme un modèle mondial. Je ferai enfin la critique de ce que j’ai qualifié de « conservation contre nature » aux Galapagos.
La quatrième séance porte sur la crise des années 1990, dont j’ai été témoin lors de mon premier séjour dans l’archipel, crise politique, sociale et économique qui est la matrice des Galapagos actuelles. Au début des années 1990, l’Etat équatorien a voulu empêcher le développement d’un secteur touristique terrestre dans l’archipel alors que la pêche aux holothuries, en principe interdite parce qu’elle provoquait d’importants dégâts écologiques en mer et sur terre, y connaissait un boom. Cela a engendré de très fortes tensions entre, d’une part, le secteur conservationniste allié aux entreprises de tourisme de croisière et, d’autre part, les représentants politiques insulaires alliés aux pêcheurs locaux et aux entrepreneurs du tourisme basé dans les centres peuplés de l’archipel. Cette crise sera surmontée grâce à une entreprise de résolution de conflits qui aboutira au vote par le Congrès équatorien de la « Loi Organique de Régime Special des Galapagos » en 1998. Cette loi comporte diverses dispositions qui font des Galapagos un territoire en partie autonome au sein de l’Equateur, et qui ont conforté la montée du « galapagueñismo », un sentiment d’identité insulaire fondé sur la volonté d’appropriation des ressources halieutiques et touristiques de l’archipel au profit des acteurs locaux.
La cinquième séance est consacrée à l’examen de l’ouverture géographique contemporaine des Galapagos, conséquence d’une croissance illimitée du tourisme dans l’archipel. J’exposerai l’évolution des modalités du tourisme actuel et ses principales caractéristiques, notamment à travers la présentation des résultats de recherches effectuées lors de mon second séjour dans l’archipel. Nous verrons ensuite les effets écologiques et géographiques de la large ouverture des Galapagos sur le Monde : invasions biologiques et homogénéisation écologique, croissance continue des moyens de transports aériens et maritimes entre l’archipel et l’Equateur continental, augmentation générale de flux de toute sorte entrant dans les îles, etc…
Enfin la dernière séance porte sur l’intérêt des Galapagos comme laboratoire de la mondialisation. En effet, cet archipel permet d’observer et d’analyser comment une région dont la singularité biologique provient de son long isolement a été progressivement mais de plus en plus largement ouverte sur le Monde avec, comme conséquence, une diminution rapide de ses particularismes écologiques. Or, d’une part il existe de nombreux cas de processus similaires dans le Monde actuel, et d’autre part ils concernent aussi des régions où des cultures et des géographies singulières sont menacées par la mondialisation. Aux Galapagos, le genre de vie de la population insulaire comme le tourisme pratiqué peuvent être qualifiés de «globaux », car ils concourent à développer l’homogénéisation géographique de l’archipel. Je terminerai ce cours par quelques idées pour contrer cette évolution destructrice de la diversité terrestre.
Résumé de carrière : Je suis maître de conférences HDR (Habilité à Diriger des Recherches) en géographie à Nantes Université, lauréat de la médaille de bronze du CNRS, et je travaille sur la mondialisation et la conservation de la nature à partir de divers terrains de recherches dans le monde. J’ai effectué de nombreuses missions scientifiques aux Galapagos, où j’ai séjourné deux fois, en 1992-1994 dans le cadre de mon doctorat puis en 2008-2011 comme premier directeur du département de sciences sociales de la Fondation Charles Darwin.