011105 Visages d’Aragon

  • Dates des cours : 8oct-5nov-19nov-3déc-17déc-14janv-28janv-11févr-11mars-25mars-29avr-6mai
  • Heure de début du cours : 10:00
  • Heure de fin du cours : 12:00
  • Jour du cours : Mercredi
  • Intervenant : Yves FRAVALO

Information: Les jours et horaires actuellement affichés correspondent à la programmation de l'année universitaire 2025-2026. Les horaires de l'année en cours restent inchangés. Pour toute question, merci de contacter le secrétariat pédagogique.



Yves FRAVALO

Professeur pendant 30 années dans les classes préparatoires littéraires du Lycée Guist’hau de Nantes, Yves Fravalo assure actuellement des cours à l’Université permanente.

Il y a un demi-siècle, c’était en 1974, paraissait le dernier roman de Louis Aragon, Théâtre/roman, et un demi-siècle déjà s’était écoulé, alors, depuis la parution du Premier Manifeste du Surréalisme (1924). Un siècle entier, et davantage : c’est à semblable empan que se mesure désormais l’histoire de cette œuvre dont la postérité s’étire sur une durée assez proche de celle au long de laquelle s’est déroulée l’aventure même de l’écriture.
Durant ces « 50 années » – celles d’une histoire qui est la nôtre -, s’est produite une accommodation du regard dont se trouve tributaire la figure déjà si mouvante de l’écrivain, un écrivain, on le sait, particulièrement fécond et polymorphe. « Hommes de l’avenir, soufflez sur les charbons », dit le poète, en désignant le tracé de « « lumière sombre » laissé par son passage dans l’histoire lettres. Relire Aragon, c’est réveiller les sortilèges dont restent chargés des mots touchés un jour par un écrivain magicien ; c’est relancer ce « mouvement perpétuel » par lequel il a rêvé que se prolonge une aventure demeurée à ses yeux comme un « roman inachevé » ; c’est tenter de saisir quelques-uns de ces visages qui passent encore aujourd’hui « dans les reflets du feu qui s’éteint mais que rallume chaque regard », selon le mot de Philippe Forest,

C’est dans cette perspective que se situerait l’ambition d’un cours, envisagé sous la forme d’un cycle de deux années :

1 – une première année sera construite autour d’un double pôle : Le Paysan de Paris, 1926, et Aurélien, 1944 : deux ouvrages qui, au sein d’une œuvre immense, ont fait l’objet de la prédilection de l’auteur et d’une majorité de lecteurs. D’un côté, l’errance dans le Paris des passages, de la surprise et des secrets, puis la plongée dans la magie d’un jardin nocturne (celui des Buttes-Chaumont) où le plus sombre du vertige se trouve conjuré par celle que le poète désigne comme la « faneuse de lumière » ; de l’autre, l’errance dans le décor « de Césarée » où une grise et fuyante Bérénice fait lever des rêves et des espoirs sans lendemain. Le roman des années quarante ramène au seuil des années vingt, en ces jours où le revenant des tranchées peinait à croire en un « retour de l’aube » ; tandis que l’étincelant poème en prose, qui porte au plus haut le flambeau surréaliste – sens de la merveille et célébration du désir -, « manifeste », au milieu même de la décennie et dans l’explosion d’un mouvement naissant, la foi retrouvée en l’avenir. Temps et « envers du temps » : où le mirage et où la vérité de la vie ?

2 – la seconde année devrait avoir pour centre Blanche ou l’Oubli, 1967 (roman qui est lui-même le cœur d’une sorte de trilogie : précédé de La Mise à mort, en 1965, il est suivi à distance par Théâtre/Roman). Vingt ans donc après Aurélien, voilà qu’à travers des formes d’écriture inédites, le créateur inusable que demeure Aragon revient sur son passé et travaille à façonner autrement la fable de sa vie ; voilà « qu’une fois encore… une dernière fois », comme le souligne son biographe, l’enchanteur vieillissant « remet tout en jeu et recommence ».

Ainsi va cette œuvre, miroir démultiplié d’un romancier-poète exceptionnel et du siècle qui l’a vu passer.

Textes accessibles dans la collection Folio.