011105 Cycle proustien : Albertine, le tragique de l’insaisissable

  • Dates des cours : 11oct-18oct-15nov-29nov-13déc-10janv-24janv-7févr-21févr-20mars-3avr-17avr
  • Heure de début du cours : 10:00
  • Heure de fin du cours : 12:00
  • Jour du cours : Mercredi
  • Intervenant : Yves FRAVALO


Yves FRAVALO

ATTENTION, le 1er cours aura lieu le 11 octobre à la place du 4 octobre initialement prévu.

Cycle proustien, 3ème année : Albertine, le tragique de l’insaisissable

Poursuivant un cycle engagé il y a deux ans à l’approche du centenaire (Marcel Proust est mort le 18 novembre 1922), et destiné à accompagner une lecture totale d’A la Recherche du temps perdu, le travail aura pour support essentiel, à partir de la rentrée prochaine, le cinquième volume du roman : La Prisonnière ; un volume qui sera à la fois l’objet premier de notre analyse et comme un « carrefour en étoile » à partir duquel nous rayonnerons vers l’amont comme vers l’aval dans le reste du roman, selon une circulation soucieuse de donner à sentir l’unité qui informe en profondeur un texte foisonnant.

Mise en mouvement par le tournoiement des formes au sein de la mémoire, mais réglée par un artiste pleinement lucide – « qui tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes » -, la lanterne magique de l’écriture proustienne éclaire, à travers le retour et la métamorphose des personnages qu’elle anime, le jeu de ses leitmotivs, les échos qu’elle donne à saisir entre les époques ou les lieux, la ronde incessante des croyances et des illusions où s’étourdit toute existence ; existence qui peut n’être que temps perdu si elle n’est finalement rédimée, comme elle pourra l’être pour le héros, par la création artistique. Selon la loi en effet du renversement promis par les titres (temps perdu / temps retrouvé), la quête ici retracée se clôt sur l’accès à des certitudes qui fondent un projet d’écriture dont le cœur tient à l’affirmation du primat de l’impression sensible devenue « critérium de vérité » et voie d’accès au réel retrouvé.

Disposant les premiers jalons d’un parcours qui arrache progressivement le héros à l’univers cyclique et stable d’une enfance où s’est accumulé le substrat nourricier de l’impression sensible en même temps que s’y est formée une vision des choses docile aux préjugés familiaux, à la fantaisie du rêve et aux exigences du désir, les premiers volumes ont montré un adolescent soumis, dans la rencontre de tout ce qui a pu l’attirer de loin, à l’épreuve répétée de la déception.

La Prisonnière, qui, dans l’esprit de l’écrivain, s’inscrit au sein du cycle ouvert par Sodome et Gomorrhe, explore les contradictions de la passion amoureuse et jalouse, tendue vers une impossible possession. Au cœur du volume, la soirée Verdurin, où le héros entend pour la première fois le septuor de Vinteuil, constitue comme le point d’orchestration des thèmes majeurs de la Recherche et le nœud d’une crise qui conduit ensuite vers la catastrophe. En amont de cette soirée, c’est le temps de l’installation d’Albertine dans l’appartement parisien du héros, en aval, celui qui conduit à sa disparition. On a ainsi, autour de la journée centrale, comme les deux volets d’un diptyque, eux-mêmes formés respectivement de deux journées que viennent ouvrir et fermer les instants du réveil et du sommeil, selon une scansion qui crée le tempo singulier du volume. Livre du désir et du soupçon – soupçon du saphisme dont l’idée (hantise et fascination pour l’amant torturé) vient envelopper l’être aimé d’un surcroît de mystère -, livre de la séquestration où ne cesse de s’exacerber, en soi comme en l’autre, le besoin d’un ailleurs, livre de la mort – advenue (celle de Swann et celle de Bergotte) ou pressentie (celle d’Albertine) –, livre de l’art (musique ou écriture) et des promesses qu’il porte, La Prisonnière trouve dans le retour de ses motifs, l’alternance des moments de tension et des instants de grâce, dans ses rythmes, ses thèmes, ses images, dans l’analyse toujours approfondie des impressions les plus ténues, des ressources propres à faire, en bien des pages, de ce qui demeure un roman quelque chose comme un chant poétique et tragique.

 

N.B. : ce cours, qui trouvera un public naturel parmi les étudiants qui ont 
suivi le parcours proposé jusque-là, est ouvert à tous ceux qui souhaiteraient 
s’y inscrire pour la première fois (quelques données de synthèse seront fournies 
aux nouveaux venus dès les premières séances).

 

Volumes à posséder cette année :

  • Sodome et Gomorrhe
  • La Prisonnière (édition Folio la plus récente, pour une pagination commune)

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