- Dates des cours : 9janv-23janv-6févr-6mars-20mars-3avr-15mai-22mai
- Heure de début du cours : 13:30
- Heure de fin du cours : 15:00
- Jour du cours : Jeudi
- Intervenant : Georges LETISSIER
Georges LETISSIER
Professeur des Universités émérite. Member of the Editorial Board of Neo-Victorian Studies, Georges Letissier enseigne à Nantes Université.
Le roman contemporain britannique s’illustre par la persistance de la tradition réaliste, qui remonte aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment avec Henry Fielding, Charles Dickens ou encore George Eliot. La fiction offre une voie d’accès privilégiée, comique, satirique, mais aussi grave parfois, aux questions politiques, sociales et aux enjeux idéologiques d’une nation composite, partagée entre atlantisme, européisme et pragmatisme insulaire. La dimension postcoloniale, ou décoloniale, est également majeure au sein d’une société en quête de repères, après avoir des siècles durant assuré un ascendant incontesté sur le reste du monde.
C’est donc à la radiographie d’une société traversée par des mouvements contradictoires que ce cours voudrait se livrer, partant de l’idée que l’esthétique romanesque permet d’appréhender par l’intermédiaire de l’humour, de l’ironie, de la satire (Jonathan Swift), des passions, des mémoires subjectives, mais aussi de l’implicite et des non-dits, ce que la presse ou l’historiographie ne saisissent que de manière analytique.
Pour ce cours, trois romans ont été retenus parce qu’ils illustrent des facettes différentes, mais complémentaires de la Grande Bretagne contemporaine. Publiés entre 2012 et 2022, les trois romans retenus permettent de se faire une idée de la scène littéraire britannique contemporaine :
« Chers voisins » (en anglais « Capital ») de John Lanchester, se penche, dans une veine dickensienne, sur les effets de la crise financière de 2008 sur les habitants d’une rue imaginaire du faubourg de Clapham au sud de Londres.
« Au rythme de notre colère » (en anglais « In Our Mad and Furious City ») de l’écrivain Guy Gunaratne (d’origine sri lankaise) s’inspire librement d’un fait divers tragique pour proposer une immersion dans un quartier du nord de Londres, ravagé par des tensions communautaires.
« Le royaume désuni » (en anglais « Bournville ») permet de suivre les heurs et malheurs d’une famille des Midlands de l’après-guerre jusqu’au Brexit et à la pandémie du coronavirus.
Ces œuvres, qu’il n’est pas indispensable d’avoir lues toutes dans leur intégralité pour suivre le cours, permettront de mieux connaître de l’intérieur un pays voisin, mais aussi d’étudier comment l’écriture permet d’amplifier le réel, d’en approcher les angles morts ou encore de mieux saisir l’articulation entre des subjectivités individuelles et la vie publique ; la petite histoire de tout un chacun corrélée à la Grande Histoire d’individus rassemblés pour faire nation.
Sur le plan esthétique, sera abordée la question des réalismes, toujours en lien avec l’état de la culture à un moment donné, et d’explorer la manière dont la fiction s’approprie le politique (là encore en contextualisant, notamment par des allusions à Middlemarch de George Eliot). Si aucune auteure ne figure dans ce choix, il sera fait régulièrement allusion aux femmes qui publient actuellement (Jeanette Winterson, Nadifa Mohamed, Ali Smith, Sarah Hall ou Melissa Harisson pour ne citer qu’elles).
Enfin, si le cours est en français, les citations seront proposées dans les deux langues et des notions ou concepts en langue anglaise seront introduits et commentés selon les besoins.
Textes étudiés :
Jonathan Coe, Le royaume désuni, folio Gallimard, 2024/Bournville, Penguin Random House, 2022.
Guy Gunaratne, Au rythme de notre colère, Grasset, 2020/In Our Mad and Furious City, Tinder Press, 2018.
John Lanchester, Chers voisins, Points, 2015/ Capital, Faber and Faber, 2012.
Résumé de carrière : Professeur émérite université de Nantes
Aucun niveau de connaissance particulier exigé.