- Dates des cours : 15janv-22janv-29janv-5févr-12févr-19févr
- Heure de début du cours : 10:00
- Heure de fin du cours : 11:30
- Jour du cours : Lundi
- Intervenant : Christophe PATILLON
! Programmation en cours, informations non définitives !
Christophe PATILLON
Faire connaître la richesse de l’histoire sociale de la Loire-Atlantique en partant de luttes et d’événements marquants.
- Les vignerons et les « rouges » (1891-1914). Dans un courrier de décembre 1891, le socialiste Brunellière écrit à son ami Augustin Hamon, intellectuel anarchiste parisien les mots suivants : « Les syndicats de vignerons ont été organisés par des délégués de l’Union syndicale de Nantes et par moi. (…) Le Progrès, journal opportuniste, prétend que c’est l’organisation d’une nouvelle jacquerie. C’est ce qui arrivera si les propriétaires veulent voler leurs colons et leurs fermiers. » Deux ans plus tard, le 8 octobre 1893, dans les colonnes du journal Le Temps, on peut lire ceci : « C’est la semence socialiste qu’il faut se hâter de détruire à l’heure même où elle est répandue sur le sol. Quand elle aura levé et que la moisson sera prête, il sera trop tard. »
- Les coopératives et la loi du marché (1920-1940). Vous vous souvenez sans doute de cette fable célèbre de Jean de La Fontaine dans laquelle une grenouille se veut l’égale d’un bœuf : « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages, nous dit le poète. Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. » Le 23 avril 1934, la Banque des coopératives de France, forte de douze agences régionales dont l’une fixée à Nantes, dépose son bilan. Comment expliquer une telle faillite ? Certains y voient une funeste conséquence de la crise économique de 1929 mais d’autres pointent la politique irresponsable de dirigeants coopératifs qui se pensaient plus bovins que batraciens…
- Les grèves de 1953 en Loire-Atlantique. « Les travailleurs ne viennent pas dans vos réunions, c’est vrai ; encore faut-il que vous en recherchiez les raisons, mais n’oubliez pas que, malgré cela, les travailleurs ruminent. » Le militant qui tient ces propos n’est pas un inconnu. Avec sa pipe et ses lunettes rondes, Benoît Frachon, fils de mineur et métallo de métier, est à la tête de la CGT depuis la Libération. Les travailleurs ruminent, dit-il. Frachon a tenu ces propos à Nantes, en février, devant un parterre de militants, parmi lesquels le cheminot cégétiste Maurice Garand. Et Maurice Garand n’a pas oublié ces mots puisqu’il les reprend dans une longue intervention lors du 29e congrès national de la CGT en juin 1953. Il y évoque la « riche grève de 24 heures du 27 mai menée par les cheminots de Nantes », fruit du travail du comité d’unité d’action des roulants. Un travail syndical qui s’est révélé payant puisqu’il a poussé les syndicats CFTC et FO à aller au-delà d’un simple débrayage d’une heure, en défilant dans la rue : « Cette unité à la base pour l’action a fait tomber bien des barrières, souligne Maurice Garand. Elle a mis à nu bien des positions d’obstruction à l’unité. Il en est ainsi à Nantes pour les dirigeants du syndicat CFTC qui ont fait la grève mais ne sont pas apparus en tant que dirigeants. » Maurice Garand en est convaincu : seule l’unité à la base peut obliger les syndicats CFTC et FO à entrer en lutte, à abandonner leur refus de tout accord avec la CGT. L’unité d’action, voici ce que réclament les travailleurs qui ruminent.
- Mai 1968, Nantes s’embrase. « La Commune de Nantes », tel est le titre du livre que Yannick Guin consacre au mouvement de mai-juin 1968 à Nantes. La référence au mouvement parisien de 1871 semble donc assumée par l’auteur même si la Commune de Paris en tant que telle n’apparaît ni dans l’introduction ni en quatrième de couverture sinon sous la forme « d’esquisse d’une administration des classes laborieuses parallèle à celle de l’Etat bourgeois », premier pas vers ce « double pouvoir » (versaillais/communard) qui marqua le printemps 1871 et se termina dans le sang. Je crois même que « la commune » n’est citée qu’une seule fois dans ce livre court et incisif, quand l’auteur conclut par un extrait de la chanson d’Eugène Pottier : « Tout ça n’empêche pas Nicolas qu’la Commune n’est pas morte. » Ceci étant dit, le « Mai nantais » fut exceptionnel, autrement dit singulier, fruit d’une histoire sociale dont les caractéristiques essentielles ne se retrouvèrent nulle part ailleurs.
- Les paysans contre l’agrobusiness : histoire de veaux et d’hormones. Souvenez-vous : c’était le temps où les escalopes de veau achetées au supermarché rapetissaient comme par magie le temps d’une cuisson. Était-ce pour concentrer la saveur ? Même pas, car de goût, ce veau industriel, d’une pâleur étonnante, n’en avait pas. En septembre 1980, ce veau qui fond dans la poêle est l’objet de toutes les attentions. On le savait sans intérêt gustatif, on le soupçonne dorénavant d’être dangereux pour la santé. En cause, des agriculteurs malhonnêtes et cupides, alliés à des entreprises peu scrupuleuses et à des vétérinaires complaisants, qui auraient fait le choix de doper leurs veaux pour les faire grossir artificiellement plus vite. L’appel au boycott lancé soudainement par l’Union fédérale des consommateurs effraie légitimement les consommateurs. Cet appel mécontente tous les syndicats paysans, mais pas pour les mêmes raisons…
- Chantelle 1981 : la colère des petites mains. Chantelle est une société textile créée en 1876 par un ingénieur parisien, Auguste Gamichon, qui a mis au point une machine permettant de fabriquer un tricot élastique, produit alors très innovant. Il produit tout d’abord des bas à varices, ceintures et tricots, avant de diversifier sa production grâce à son neveu, Paul-Maurice Kretz, qui rejoint l’entreprise à la fin du 19e siècle. Chantelle occupe le secteur des gaines qui supplante les corsets trop rigides qui maltraitent les corps féminins, ce que dénoncent depuis longtemps nombre de médecins. En 1949, la famille Kretz qui a pris la direction de la société lance la marque « Chantelle ». Très vite, Chantelle se fait remarquer par une communication publicitaire audacieuse qui lui apporte de la notoriété, et ne se consacre bientôt plus qu’à la lingerie féminine. En 1962, elle implante sa première usine de confection à Epernay (Marne) qui produit ses premiers modèles de soutien-gorge. Le succès n’est pas immédiat mais le développement de la marque pousse la direction à créer deux nouvelles usines : la première voit le jour en 1966 à Saint-Herblain, dans une nouvelle zone industrielle (44) ; la seconde émerge en 1973 à Lanester.
N’hésitez pas à visiter la bibliothèque du Centre d’histoire du travail (RDC du bâtiment Ateliers et Chantiers de Nantes). L’emprunt d’ouvrages y est possible contre le dépôt d’un chèque de caution.